microFictions

« C'est un beau navire que vous avez là. Vous le vendez ? — Absolument, je vous le fais à 750. Ça vous dit ? — Disons plutôt 200 dollars européens et je signe. — Mais vous êtes fou ?! C'est un authentique bateau de croisière du 21ᵉ siècle, probablement le dernier en état de marche ! — Oui d'accord, c'est très impressionnant tout ça, mais je vois pas bien ce que je vais en faire maintenant que tous les océans sont vides. »

Un nomade s'approche d'un étrange village au beau milieu du désert. Chaque habitant se déplace dans ses rues, un objet dans les bras. Alors qu'il met un pied dans la rue principale, un homme lui tend une jarre. « Pouvez-vous me tenir ça s'il vous plaît ? — Bien sûr, répond poliment le nomade en attrapant l'objet. » Aussitôt libéré, l'homme partit en courant dans le désert en riant. Depuis ce jour, l'ancien nomade parcourt les rues de cet étrange village, une jarre à la main.


(variante)

Il existe un village lointain dans le désert marocain. Dans les rues déambulent ses habitants, tous chargés d'un objet différent. Ils implorent aux gens de passage de les décharger, de prendre à leur tour ce fardeau grossier. Mais gare à vous si vous acceptez, ou vous risquerez de faire partie à jamais de cette communauté, De ces habitants du village lointain dans le désert marocain.

« C'est donc ça le temple des Oubliés ? On dirait n'importe quel bâtiment pourri en pierre. — Attention jeune homme, ce lieu retient une magie très puissante et c'est notre devoir de le protéger. — Ouais ouais. Moi, j'ai froid, je vais m'abriter à l'intérieur. »

L'adolescent se glisse par la porte et disparaît derrière un mur. Le chef de la garde approche, contrarié.

« Oh non, pas encore… Dis-moi, vieil homme, où est passé le jeune qui était avec toi ? — Qui ça ? »

Les dossiers s'entassent, s'amoncellent et le risque d'asphyxie ne fait qu'augmenter. « Plus vite collègue, sinon tu vas bientôt plus pouvoir respirer. », lui lance un collaborateur depuis le box d'à côté. Avant de pouvoir répondre, un faux mouvement lança une réaction en chaîne et les montagnes de feuilles se déversèrent, signant la fin de son contrat. « Mince. Lui, ça a été l'avalanche. J'ai encore perdu dix balles. Espérons que le prochain tienne plus longtemps. »

Une femme regarde son métro arriver debout sur le quai. Habillée tout en noir, elle tient un sac blanc dans son dos. Les portes s'ouvrent et alors qu'elle s'apprête à rentrer dans le wagon, un employé, montre à gousset à la main, l'empêche de mettre un pied à l'intérieur. « Je suis désolé madame, mais celui-ci n'est pas le vôtre. Veuillez prendre le suivant. » Avant de pouvoir répondre, les portes se referment devant elle. Alors que le train repart, elle remarque une femme assise à la fenêtre, habillée tout en noir, un sac blanc sur les genoux.

Le ciel se mit à gronder. Une lumière vive au milieu des nuages laissa apparaître le dirigeable de la 52ᵉ compagnie, partie explorer les confins de l'univers à la recherche de civilisations intelligentes depuis déjà bien trop d'années. Le centre radio tenta d'entrer en contact avec le poste de pilotage, sans succès. C'est alors qu'une des soutes s'ouvrit en lâchant sur nous un projectile non identifié. Le dirigeable fit ensuite demi-tour, nous laissant périr au milieu de l'explosion.

Jackham eu deux bonnes idées dans sa vie. Se débarrasser de tout son équipage pour ne pas partager son or, et se faire tatouer sur le corps la carte qui indique où le trouver. Malheureusement, il regretta ces deux idées lorsqu'il se retrouva seul avec un tatouage dans le dos.

Un scientifique regarde ses relevés dans son laboratoire. — C'est incroyable ! Le récepteur a fonctionné ! — Tu veux dire que c'est enfin arrivé ? demande un autre. — Oui. Ça y est, nous avons la preuve qu'une forme de vie existe dans les confins de l'espace, répond-il stupéfait. — Alors, ça dit quoi ? Il lit les lignes et voit : “Vous n'êtes pas seuls. Ici la planète bleue que vous appelez Terre.”

Comme chaque matin depuis plusieurs années, les cloches de l'église sonnent dix fois sur la petite île abandonnée de Bethalar. Les habitants vaquent à leurs occupations, certains partent pêcher, d'autres s'occupent du linge, et les plus vigoureux traversent la mer pour atteindre la mine dans les montagnes. Aujourd'hui, ils n'étaient plus que trois à en revenir. Demain, les cloches de l'église ne sonneront plus que neuf fois.